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Dans l'excellente série TV "Mr Robot", disponible sur Netflix, l'idée d'un "hacking mondial des institutions financières" est poussée à son paroxysme : Et si un groupe organisé de hackers attaquait le système financier à la manière d'un Robin des bois version 3.0 en supprimant l'historique des dettes personnelles contractées par tout le monde (dette étudiante, prêt personnel, prêt immobilier, etc.) ? Serait-ce possible ? Serait-ce même une bonne chose sur le moyen terme ? 

Voyons cela plus en détails.

À combien s’élève le montant de la dette mondiale ?

Selon une étude réalisée par Janus Henderson, la dette publique mondiale aurait atteint en 2020 le niveau record de 62.500 milliards de dollars, soit 13.050 dollars par habitant de la Terre (enfants compris).

Rien qu’en France, la dette s’élevait en juin 2021 à plus de 2.739,2 milliards d’euros (soit 97,6% du PIB). La crise sanitaire de la Covid-19 n’a rien arrangé : certains états (comme la France) se sont endettés pour soutenir leur économie.

La dette publique d’un état comprend les emprunts d’un État et de ses administrations contractés auprès  :

• des (fameux) marchés financiers,
• des banques ou des banques centrales, comme la Banque centrale européenne (BCE).

Si ces organismes ne sont pas remboursés, cela peut mener certains acteurs à faire faillite. L’épargne disparaitrait alors avec la banque.

Actuellement, une partie importante de la dette des états a été transférée à leur banque centrale, qui achète massivement les titres de dettes souveraines.

C’est ainsi que la situation se maintient.

Entre possibilité et réalisation : le défi de supprimer les dettes du monde

Hacking : est-il vraiment possible d’effacer la dette mondiale ?

Techniquement, un tel piratage est... possible, mais nécessiterait la contribution d'un très grand nombre de hackers. Pour effacer toutes les dettes, il faudrait en effet cibler toutes les banques, les sociétés de crédit et cartes de crédit, les gouvernements, et ce, dans le monde entier, en même temps.

Que nécessiterait un tel piratage ?

Pour réussir une telle action, il faudrait notamment :

• Attaquer tous les ordinateurs des organismes financiers simultanément. Comme ces systèmes sont particulièrement sécurisés, cela nécessiterait d’être présent physiquement dans les salles de serveurs, dans des milliers d'emplacements, au même moment,
• Détruire tous les serveurs, clouds et sauvegardes sur lesquels les données financières sont stockées,
• Mais également détruire toute la documentation papier s’y référant pour éviter que la situation ne soit rétablie aussitôt !

En somme, il faudrait pénétrer par effraction dans des milliers de banques et institutions financières dans le monde pour trouver et détruire les dossiers. Le casse du siècle voire du millénaire !

Tout cela devrait se produire dans une action coordonnée et simultanée pour que ces organismes ne puissent pas réagir et se protéger dès le début de l’attaque.

Autant dire qu’il faudrait une véritable armée de hackers, suréquipée techniquement pour frapper sur une très courte période dans chaque ville du monde. Un défi humain qui rend la réalisation du projet pratiquement impossible.

Un piratage à l’échelle mondiale finalement peu crédible

Organiser un tel piratage et le financer en amont sans que personne ne s'en aperçoive semble donc irréalisable.

Par ailleurs, le hacking va créer un déséquilibre monétaire qui sera immédiatement détecté. Les banques sont équipées de systèmes de sécurité très élaborés pour éviter justement ce type de problèmes.

Les modifications seront aussitôt détectées et annulées. En résumé, la dette sera réinitialisée.

Quelles conséquences aurait l'effacement de la dette sur les épargnants ?

La crise de la dette publique affecte les marchés et la bourse et par conséquent peut avoir un impact sur les investisseurs, que ce soient des professionnels ou des particuliers.

Les épargnants français sont historiquement plus prudents face à des placements en actions (Les emprunts russes et le scandale de Panama n'y sont sans doute pas pour rien). Dès lors, il faudrait que les banques fassent faillite pour impacter réellement les dépôts et les livrets sur les comptes des petits épargnants.

Quels seraient les effets d’un effacement de la dette en France ? Sur le plan économique, une telle opération ne servirait à rien.

Selon l’économiste Alexandre Delaigue : « La dette que détient la BCE (Banque Centrale Européenne) ne génère pas de coût, en cela que les intérêts payés par la France lui reviennent sous forme de bénéfices pour la Banque de France, laquelle fait partie de l'État. Cela revient donc à se payer des intérêts à soi-même. C'est d'ailleurs ce qu'avancent les partisans du remboursement. »

Il faudrait que les états proposent des plans de relance efficaces, avec un modèle plus vertueux pour que la BCE puisse remplir ses objectifs et soutenir l’économie.

En résumé, un hacker ne pourrait pas effacer à lui seul, ou même aidé d'une large équipe, la dette mondiale. Reste qu’annuler une partie de la dette publique est possible. En cas d'incapacité de paiement, un état doit réunir l'ensemble de ses créanciers et tenter de trouver un accord avec eux pour négocier un rééchelonnement de la créance. C'est ce qu'il s'est passé en Grèce à la fin des années 2010... avec des conséquences sociales énormes qui ont mis le pays d'Aristote à genoux.

En France, le dernier défaut de paiement remonte au XVIIIᵉ siècle, et il a en partie conduit à la Révolution Française.

Avec la crise sanitaire, l’annulation de la dette est d’ailleurs un débat qui enfle actuellement. À suivre !

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